Source d'un signal perturbant la réception GPS des avions survolant Israël, situé sur la base aérienne russe de Khmeimim dans l'ouest de la Syrie, d'après une présentation de l'ingénieur aérospatial Todd Humphreys au gouvernement américain en juin 2019.

Brouilleur GPS affectant Israël provient d'une base russe en Syrie: un chercheur Américain

Le signal qui a perturbé la navigation par satellite pour les avions volant dans l'espace aérien israélien ces dernières semaines provient d'une base aérienne russe à l'intérieur de la Syrie, selon les données recueillies par un chercheur américain.

Cette interférence à la réception du système de positionnement mondial (GPS) ne semble pas viser spécifiquement Israël, mais l'État juif est probablement un dommage collatéral dans un effort de Moscou à la fois pour protéger ses troupes des attaques de drones et pour affirmer sa domination dans le domaine de la guerre électronique, Todd Humphreys, professeur à l'Université du Texas, a déclaré au Times of Israel cette semaine.

Depuis le printemps dernier, les pilotes volant à travers le Moyen-Orient, en particulier autour de la Syrie, ont remarqué que leurs systèmes GPS avaient affiché le mauvais emplacement ou cessé de fonctionner complètement. Cela s'est produit peu de temps après une attaque de drone suicide contre les forces russes en Syrie.

À l'aide d'une série de capteurs à bord de la Station spatiale internationale, Humphreys et son équipe suivent le phénomène depuis plusieurs mois. Ils ont pu identifier la source géographique du signal: la base aérienne de Khmeimim, qui a été construite par la Russie en 2015 le long de la côte ouest de la Syrie comme l'une des installations permanentes de Moscou dans le cadre de son soutien au dictateur syrien Bashar Assad dans la guerre civile du pays.

«[Le signal] est si fort que je peux le voir depuis l'espace», a déclaré Humphreys, ingénieur en aérospatiale, spécialisé dans la navigation par satellite.

Des perturbations GPS similaires ont été signalées ces dernières années autour de la mer Noire, le long des frontières de la Russie avec la Norvège et la Finlande, et près du Kremlin et du palais du président russe Vladimir Poutine.

Le problème n'a pas affecté l'espace aérien israélien il y a quelques semaines à peine, lorsque les pilotes ont commencé à signaler des problèmes de navigation lors du décollage et de l'atterrissage à l'aéroport international Ben Gourion, ainsi qu'aux alentours de l'aéroport international de Chypre à Larnaca.

Selon l'Autorité aéroportuaire israélienne, l'ingérence n'a pas causé de problèmes de sécurité car plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour les décollages et les atterrissages, mais elles ont eu un impact significatif, mais pas trop dangereux, sur la capacité des pilotes à piloter leurs avions, car les avions modernes dépendent fortement de la navigation GPS.

"C'est une nuisance à laquelle les pilotes se sont habitués", a déclaré Humphreys.

Le problème ne concerne que les avions en vol au-dessus d'Israël; il n'y a pas d'interruption du service GPS au sol. Humphreys a expliqué que cela est dû au fait que la technologie utilisée fonctionne sur les lignes de vue. En raison de la courbure de la terre, le signal ne peut pas atteindre les récepteurs GPS à l'horizon.

Selon Humphreys, la méthode utilisée par la Russie semble être une combinaison de brouillage, dans lequel le service GPS est carrément refusé, et d'usurpation, le terme pour nourrir les récepteurs GPS de fausses informations.

Il a déclaré que l'apparition soudaine du problème en Israël pourrait être le résultat d'un certain nombre de changements dans le déploiement par la Russie de ses émetteurs, également appelés brouilleurs - soit le déploiement d'émetteurs supplémentaires, une augmentation de leur puissance ou le repositionnement d'un des brouilleurs plus près de la frontière avec Israël.

"Mais je suppose que la Russie a récemment déménagé l'un de ses émetteurs", a-t-il déclaré.

Des responsables israéliens ont également déclaré que la Russie semblait être responsable de l'interférence GPS, certains responsables de la défense non identifiés ayant déclaré vendredi au journal Haaretz que la source du problème semblait provenir d'un brouilleur terrestre ou naval.

L'ambassade de Russie a démenti les affirmations des responsables israéliens, affirmant que ces allégations étaient des "fausses nouvelles".

Je ne trouve pas les dénégations de la Russie crédibles. Je peux réellement voir [le signal] depuis l'espace

Mais Humphreys a déclaré sur la base de ses données, qu'il était de 90 à 95 pour cent positif que Moscou était derrière l'ingérence.

"Je ne trouve pas les dénégations de la Russie crédibles", a-t-il dit, répétant, "je peux réellement voir [le signal] depuis l'espace".

Ce déni de service GPS n'affecte pas les pilotes russes participant à la guerre civile en Syrie, car la Russie ne dépend pas des satellites GPS pour sa navigation. Au lieu de cela, la Russie utilise son système mondial de navigation par satellite, ou GLONASS.

En conséquence, l'armée russe a peu à perdre en perturbant la réception GPS.

Humphreys a déclaré que le brouilleur GPS semblait être un effort de la Russie pour empêcher les attaques de drones qui s'appuient sur la navigation GPS pour attaquer leurs bases et leur personnel, mais est également un moyen pour Moscou de démontrer au monde entier sa "domination dans le spectre radioélectrique".

Il a noté un commentaire récent du général Raymond Thomas, chef du Commandement des opérations spéciales des États-Unis: «[La Syrie est] l'environnement de guerre électronique le plus agressif de la planète».

En plus de l'usurpation GPS de la Russie, Israël a été accusé par la Syrie et les médias arabes d'avoir mené des attaques de guerre électronique contre l'armée syrienne, déclenchant ou supprimant faussement ses défenses aériennes.

Plus tôt ce mois-ci, Humphreys a présenté ses conclusions au Bureau national de coordination pour le positionnement, la navigation et le chronométrage spatiaux - la branche du gouvernement responsable de la maintenance du système de positionnement mondial.

Il a dit avoir également discuté de la question avec la compagnie aérienne israélienne El Al, mais qu’il n’en avait pas discuté avec des responsables militaires ou civils israéliens.

Les Forces de défense israéliennes ont refusé de commenter publiquement la source de l'ingérence, mais ont déclaré qu'elle n'avait pas affecté ses opérations.

"La question est une préoccupation civile et l'armée israélienne fournit un soutien technologique afin de faciliter la liberté de mouvement dans l'espace aérien d'Israël", a déclaré l'armée. «Tsahal opère en permanence pour maintenir la liberté de mouvement opérationnelle et la supériorité dans le spectre

Depuis le début de l'interférence, les avions israéliens ont dû utiliser une méthode alternative pour les atterrissages, connue sous le nom de système d'atterrissage aux instruments.

«C'est une méthode sûre et professionnelle qui est utilisée tous les jours dans les aéroports du monde entier, y compris Israël», a déclaré l'Autorité aéroportuaire.

Note: Original de The time of israel